Dès le XVIIe siècle, un phénomène culturel et commercial remarquable a vu le jour : la fabrication en Chine de porcelaines spécifiquement destinées au goût européen. Acheminées principalement vers la Hollande par la Compagnie des Indes, ces porcelaines ont marqué l’histoire de l’art et du commerce international. Cet article explore l’évolution de cette demande et le rôle crucial des fours de Jingdezhen et des ateliers cantonais dans la satisfaction des désirs européens.
Les débuts de l’exportation : La Porcelaine « Bleu et Blanc »
Au commencement, la demande européenne se concentrait sur les porcelaines « Bleu et Blanc », célèbres pour leur élégante simplicité et leur beauté intemporelle. Ces œuvres d’art, produites en grande quantité, ont été les premières à capturer l’imagination des Européens, établissant un pont culturel entre l’Orient et l’Occident.
L’évolution des goûts : L’apparition de la Famille Rose et de la Famille Verte
Avec le temps, les préférences européennes ont évolué vers des porcelaines plus colorées, donnant naissance aux célèbres catégories de la Famille Rose et de la Famille Verte. Ces nouvelles porcelaines, plus élaborées et diversifiées dans leurs palettes, ont reflété l’évolution des goûts européens, marquant une nouvelle étape dans l’appréciation de l’art chinois en Europe.
L’apogée sous Yongzheng et Qianlong : Un parallèle royal
Les pièces les plus somptueuses ont été produites sous les règnes des empereurs Yongzheng et Qianlong, contemporains des rois Louis XIII et Louis XIV en France. Cette période a vu la création de chefs-d’œuvre de porcelaine, souvent personnalisés avec des armoiries familiales ou des décors de style occidental, témoignant de la fusion des cultures et des arts.
La personnalisation à Canton : Une touche européenne
Bien que fabriquées en glaçure blanche dans les fours de Jingdezhen, ces porcelaines étaient souvent envoyées à Canton pour être décorées selon les spécifications des acheteurs européens. Cette étape de personnalisation a permis d’intégrer des éléments tels que des scènes érotiques, des armoiries, ou des motifs occidentaux, reflétant ainsi les préférences et les identités européennes.
La vaisselle de table et au-delà : Une marque de prestige
La vaisselle de table représentait le segment le plus demandé de cette exportation, chaque famille aisée européenne se devant de posséder ces objets de prestige. Cependant, la fascination pour la porcelaine chinoise ne s’arrêtait pas là : crachoirs, plats à barbe, bougeoirs et autres objets décoratifs étaient également très prisés, enrichissant ainsi les intérieurs européens de leur exotisme et de leur raffinement.
La porcelaine chinoise exportée vers l’Europe au XVIIe et XVIIIe siècles représente un chapitre fascinant de l’interaction culturelle et commerciale entre l’Orient et l’Occident. La découverte ultérieure des secrets de sa fabrication en Europe marque la fin de cet âge d’or, mais l’influence artistique et culturelle de ces œuvres reste indélébile dans l’histoire de l’art européen. La porcelaine chinoise, avec son histoire riche et ses motifs complexes, continue de fasciner et d’inspirer.